Un besoin croissant mais encore difficile d'accès
Alors que les mobilités actives s’imposent dans les mentalités et les pratiques, le transport combiné vélo-train reste un parcours semé d'embûches pour de nombreux cyclistes. Plusieurs de nos adhérents nous ont fait part des difficultés rencontrées sur la ligne Chartres-Paris, illustrant des problèmes d'accessibilité dans les trains ainsi qu’en gare. Cette question prend de l'ampleur et suscite de plus en plus de mécontentements, en particulier lors des périodes d'affluence.
Récemment, l'influenceur et diplomate Stein Van Oosteren, auteur de Pourquoi pas le vélo ?, a lui-même fait l’expérience de l'accessibilité vélo en gare de Chartres et n'a pas caché sa déception. "La gare de Chartres affiche fièrement son statut de “gare pour tous” depuis les travaux d’accessibilité de 2021. En réalité, elle refuse le vélo, à moins d’être grand, acrobate et capable de se fourrer avec son vélo dans un ascenseur trop petit. Absurde !” a-t-il déclaré, pointant du doigt les infrastructures inadaptées pour les cyclistes.
Des propositions concrètes pour répondre à l’engouement pour le vélo-train
Face à ce constat, des collectifs régionaux ainsi que la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB) ont lancé des initiatives pour faire évoluer l’offre de transport de la SNCF. À l’approche des vacances estivales, la FUB a publié un post sur les réseaux sociaux pour relancer le débat public, attirant l'attention sur le besoin d'adapter l’offre ferroviaire. Cinq collectifs régionaux ont d'ailleurs rédigé une lettre de position pour proposer une meilleure gestion de l’emport des vélos, en s'appuyant sur sept recommandations essentielles. Ces propositions incluent la réservation des places vélo et l’adaptation des compartiments en fonction de la demande.
Les conditions d'emport des vélos : un système peu flexible et contraignant
En l’état, la SNCF impose certaines conditions pour transporter un vélo dans les trains régionaux. Les TER acceptent les vélos non démontés, mais sans garantie de place ni possibilité de réservation sur la plupart des lignes, notamment entre Paris, Chartres, et Le Mans. Par ailleurs, les tandems, remorques et certains modèles de vélos ne sont souvent pas autorisés, limitant l'accès à des familles, personnes à mobilité réduite, ou encore aux seniors. Le collectif Mon Vélo dans le Train, dont ChartràVélo est signataire, milite pour une flexibilité accrue et une véritable prise en compte des cyclistes dans l'offre ferroviaire.
Des infrastructures et une politique publique à revoir
Les retours de nos adhérents et les initiatives de la FUB soulignent également un problème plus large : l'insuffisance d'une politique de stationnement sécurisé en gare. Les cyclistes qui ne peuvent transporter leur vélo ont souvent peu d'alternatives sûres pour le laisser en gare, créant un frein à la pratique quotidienne du vélo-train. La Loi d'Orientation des Mobilités (LOM) imposait aux nouvelles rénovations de trains de prévoir des espaces de stationnement pour vélos, mais la récente Loi 3DS a restreint cette obligation, laissant aux régions le soin de décider.
En Eure-et-Loir, 9500 voyageurs par jour prennent le train, 11 gares sont concernées par cette mesure (sur les 29 que compte le département d'Eure-et-Loir), 5 gares sont équipées de manières adéquates - Maintenon, Epernon, Saint-Piat, Courville-sur-Eure, La Loupe. D'autres gares sont équipées en dehors des objectifs de la loi LOM, comme Saint-Prest (20 places), Saint Georges sur Eure - la Taye (10 places).
Dreux a réalisé moins de la moitié des places prévues par la loi LOM (32 sur 80). Chartres compte seulement 100 places sécurisées (sur 140 nécessaires). Chartràvélo est intervenue auprès de la ville de Chartres pour que le deuxième abri vélo soit sécurisé. Grâce à l'intervention de notre collectif Vélo Centre auprès de la Région Centre Val de Loire, les gares de Nogent-le-Rotrou, Marchezais-Broué, Illiers-Combray et Toury disposent chacune de 20 places de stationnement sécurisé.
Les solutions envisageables
ChartràVélo, qui participe activement au Comité des partenaires de Chartres Métropole, rappelle que l’accessibilité de la gare pour les vélos est une priorité. Il est essentiel de mettre en place des glissières adaptées le long des escaliers pour faciliter le passage des vélos, et d'augmenter l'offre de stationnement sécurisé en portant le nombre de places à 200, comme le prévoit la Loi d'Orientation des Mobilités (LOM). Aux côtés du collectif Mon Vélo dans le Train, nous demandons également :
L’augmentation du nombre de places vélo dans les trains, avec un minimum de huit emplacements par TER, comme recommandé par la LOM.
L’assouplissement des conditions d'emport pour les vélos et remorques pliables, en particulier pour les familles et les personnes à mobilité réduite.
La mise en place d'une réservation flexible pour les périodes d’affluence, permettant aux cyclistes réguliers de trouver une place même en haute saison.
L’extension des capacités d'accueil dans certaines gares avec des ascenseurs adaptés et des consignes sécurisées pour les vélos.
Une ambition collective pour une France cyclable
L'intermodalité vélo-train est une solution clé pour réduire les émissions de CO2 et proposer une alternative crédible à la voiture. Cependant, la France accuse un retard conséquent par rapport à ses voisins, avec seulement 3 % de trajets vélo-train contre 30 % aux Pays-Bas. L’enjeu est donc de taille, et les associations telles que ChartràVélo se mobilisent pour que la voix des cyclistes soit entendue.
Nous invitons tous les usagers et les sympathisants de la cause cycliste à se joindre à nous pour faire avancer ce débat et sensibiliser les décideurs. Ensemble, nous pouvons contribuer à rendre le transport de vélos dans les trains plus accessible, plus inclusif et plus sûr pour tous.
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